Une balade, une personne à la boue

On avait doucement pris la direction des bois en un pas étonnamment calme. Je me bougeai un peu sur la selle pour prendre mes repères mais rien n’y faisait. La hauteur de mes genoux, ma position qui me semblait un peu en équilibre et pourtant je ne pensai pas à tester une autre selle. Le danger ne me faisait pas peur et j’aimais tout essayer. Je me baissai doucement afin d’échapper à la branche située devant moi. Je n’allais tout de même pas tomber ainsi. En même temps je réalisai qu’aller dans la forêt sur une selle haute n’était pas forcé la meilleure option. Tant pis.
Et déjà mes cuisses me faisaient un mal de chien à rester suspendue ainsi. Je me demandai ce qu’Hollywood penserait si je m’essayais. Autant tester doucement. Après tout mon corps était aussi lourd ce qui changeait n’était que la répartition du poids. Doucement je m’assis sur le hongre les jambes toujours pliées. Le vieux cheval releva la tête et je me relevai immédiatement. Bon il n’était pas habitué et ne semblait pas vouloir l’être. Je soupirai et pris mon mal en patience.

Après avoir bien marché, je sentis qu’il commençait à tirer, vouloir avancer plus. Il ne devait pas avoir l’habitude de débutantes. Je ne savais pas du tout comment on devait détendre un cheval de course alors lorsque je sentis qu’il voulait plus avancer je le laissai faire. Il prit un trop assez actif, sans vraiment chercher à aller trop vite. Je soupirai de soulagement, après tout ce n’était pas si difficile de sortir un cheval de course.
Je me trompai bien évidement. Après quelques foulées le cheval décida que j’étais trop lente pour lui et pris de lui-même le galop. Déséquilibrée, je tombais sur son encolure ; le cheval ne sembla pas très heureux et braqua donc la tête tout en avançant plus vite. Sa queue fouettait l’air derrière moi mais je ne le voyais pas. Je respirai, décidant de ne pas céder à la panique qui me prenait. Je repris ma position initiale et tins fermement mes rênes. Bien sûr rien ne se passa. Hollywood ne devait sûrement même pas sentir ma pression. Je m’accrochai donc à mes rênes comme une débutante à poney qui a peur du galop mais je savais que mes cuisses n’allaient pas tenir. Il chercha un peu à m’arracher les rênes des mains et finalement ralentit m’accordant un répit. J’étais maintenant décidée à descendre et à rentrer à pieds. Je n’en eus pas le temps.

Un oiseau s’envola près de nous. Mon cœur rata un bond mais Hollywood n’avait pas autant de sang-froid que moi et fit complètement un écart comme si l’animal allait le manger. Bien évidement je perdis l’équilibre et me retrouvai à terre, accrochée aux rênes. Je fermai les yeux doucement tant dis qu’Hollywood restait à mes côtés. La terre était humide mais pas mouillée, la pluie avait du mal à traverser les feuilles des sapins. Je levais les yeux au le ciel qui était vert en fait bien que quelques touches de gris faisaient leur apparition entre deux branchages. Les larmes me vinrent aux yeux, j’en avais marre. Déjà marre de ce stupide endroit, j’étais tellement mieux dans mes fêtes ou dans mon lit.
J’ouvrai les yeux à nouveau. Hollywood était resté tête dressé près de moi. Alors que je me mettais sur pieds,  le hongre eut un moment de recul comme s’il pressentait une punition. Ma main, au contraire, glissa sur son encolure et je le massai doucement pour le calmer. Je ne remonterais pas dessus, mon corps ne pouvait le supporter, surtout mes cuisses.

A pieds je pris donc le chemin dans l’écurie. C’était assez simple on n’avait que suivi une ligne droite et on n’avait sûrement pas fait trop de chemin. Mes jambes étaient prêtes à s’effondrer tant j’avais mal et derrière moi Hollywood s’amusait à manger mes vêtements, à me pousser, me dépasser. Il était si gamin et joueur qu’il me redonnait le sourire et me rappelait pourquoi j’avais choisi cette écurie : j’aimais les chevaux. La pluie commença à tomber plus fortement, traversant le feuillage pourtant épais. Mon jogging m’avait trempée une fois donc cela ne me dérangeais pas tellement, j’étais habituée à la pluie. Derrière moi, Hollywood fit preuve de plus de patience que je n’en avais eu avec lui, vouloir immédiatement le monter sans cours, quelle imprudence. Le cheval restait derrière moi au petit pas, attendant qu’on arrive enfin à l’écurie, au chaud et au sec tous les deux. Et c’est ce qui arriva. Enfin à la maison. Lorsqu’on passa la porte de l’écurie je pus sentir le soulagement de le hongre, et je partageais ce soulagement.